Une personne sur cinq ronfle avant 30 ans et, après 50 ans, près de une sur deux ! Quelles solutions pour en finir avec ces nuisances sonores ?
Quand on sait que ces bruits nocturnes atteignent parfois 80 décibels, soit le niveau sonore d’une conversation bruyante ou d’un aspirateur, on comprend que ceux qui partagent les nuits des ronfleurs finissent par se plaindre, eux aussi, haut et fort. Au début, vous avez pris votre mal en patience. Puis vous avez sifflé, secoué le gêneur, vous lui avez pincé le nez…
Aujourd’hui, vous n’en pouvez plus des endormissements tardifs et des réveils intempestifs. Avant d’opter pour les boules Quiès ou d’élire domicile sur le canapé, pourquoi ne pas prendre rendez-vous auprès d’un ORL, qui examinera avec attention la gorge et le nez de votre «empêcheur de dormir en paix.
L’origine du ronflement
Le ronflement chronique, ou ronchopathie, est dû à la vibration des tissus mous de la gorge, en particulier du voile du palais et de la luette, relâchés, comme tous les muscles, pendant le sommeil.
C’est cette vibration qui crée un bruit caractéristique au moment de l’inspiration. Tout obstacle gênant la bonne circulation de l’air entre le nez et le larynx, en provoquant un changement de pression, peut en être responsable : obstruction nasale ou déviation de la cloison, voile trop long, base de langue épaissie (la partie la plus proche de la gorge) ou amygdales trop volumineuses.
Un spécialiste saura détecter la cause du problème et trouver la solution la plus efficace. N’hésitez pas à l’interroger et à rendre un second avis. Sachez que le traitement du ronflement n’est jamais pas pris en charge par la Sécurité sociale, sauf en cas d’apnée sévère du sommeil (arrêt respiratoire).
Chirurgie et laser s’attaquent à la luette
Vendus en pharmacie, les bandelettes et autres dispositifs servant à écarter les narines ne sont utiles que si le ronflement est dû à une obstruction nasale. Ce qui ne concernerait pas plus de 20 % des cas. Inutile d’espérer un miracle : le traitement est souvent plus complexe !
La pharyngoplastie, qui constituait, il y a quelques années encore, le traitement de référence est de moins en moins utilisée. Cette intervention chirurgicale, effectuée sous anesthésie générale, est délicate. Elle consiste à couper le voile du palais et la luette afin d’améliorer le passage de l’air. Mais le chirurgien doit maîtriser son geste, car si la luette est un appendice superflu, le voile du palais a en revanche une utilité. Une incision trop importante pourrait entraîner par la suite des régurgitations nasales, ainsi que des modifications désagréables de la voix.
De plus, après l’intervention, une alimentation liquide et une hospitalisation de deux ou trois jours sont nécessaires, car les suites sont douloureuses. Enfin, les résultats sont mitigés, puisque l’on constate environ 50 % d’échecs cinq ans après l’intervention. C’est pourquoi cette voie chirurgicale est aujourd’hui réservée à l’ablation d’amygdales volumineuses, à la réduction des cornets (lamelles osseuses situées à l’intérieur du nez) o u à la correction d’une déviation de la cloison nasale.
L’arrivée du laser a représenté un net progrès. L’intervention, qui peut s’effectuer au cabinet du spécialiste, consiste elle aussi à couper le voile et la luette, mais de façon beaucoup moins importante, en utilisant le rayon laser comme un bistouri. Elle peut également se révéler utile pour cautériser les cornets du nez. Cette technique n’exige qu’une anesthésie locale et permet d’éviter l’hospitalisation. Il faut cependant prévoir deux ou trois séances, espacées de quelques semaines. «Comme pour la chirurgie, la douleur résultant de l’agression des muqueuses reste intense pendant quelques jours et l’efficacité à long terme est limitée : un patient sur deux se remet à ronfler dans les cinq ans», avertit le Dr Schmitt.
La radiofréquence, un traitement rapide
Avec la radiofréquence, plus d’incision traumatisante. Pour réduire le relâchement du voile, on utilise des ondes radio basse fréquence (micro-ondes) qui échauffent les tissus, mais jamais à plus de 100 °C. Avec une sonde spéciale, le médecin pique le voile du palais en trois endroits, pendant une vingtaine de secondes. En cicatrisant, ces zones se rétractent, relevant ainsi le voile et la luette, et les tissus se rigidifient, ce qui limite les vibrations. Les grands avantages de cette technique sont sa rapidité et surtout son confort.
L’intervention par radiofréquence s’effectue sous anesthésie locale, généralement en deux séances espacées de huit semaines. Le patient peut aussitôt reprendre ses activités et s’alimenter normalement. mais il doit manger froid. «Il arrive que certains ronflent davantage pendant une semaine, du fait de la formation normale d’un oedème local, et éprouvent une légère gêne, précise le Dr Schmitt. Mais la prise de paracétamol suffit à calmer la douleur. Quant à l’intensité sonore, elle diminue progressivement.»
La radiofréquence peut aussi être utilisée pour réduire les amygdales et les cornets du nez. Des essais sont même en cours pour évaluer ses effets sur le volume de la langue et donc étudier son intérêt dans les apnées modérées du sommeil. Peu de services ou de cabinets sont toutefois équipés à l’heure actuelle. Mais de plus en plus de spécialistes se forment.
Masque de ventilation anti-ronflement
En cas d’apnées du sommeil modérées, une prothèse dite «orthèse de propulsion mandibulaire», moulée à la forme des dents, est souvent prescrite. En exerçant une poussée de 1 cm environ sur la mâchoire, elle dégage la base de la langue lorsqu’elle s’oppose au passage normal de l’air. Peu esthétique et plus ou moins bien tolérée, elle garantit cependant une nuit de sommeil réparateur !
Pour les arrêts respiratoires sévères, les spécialistes proposent généralement la ventilation à pression positive continue (PPC). Elle consiste à insuffler de l’air comprimé dans un masque, pour dégager les voies respiratoires, notamment le larynx. Un peu bruyant et contraignant, puisque le masque doit être porté chaque nuit, ce traitement fait référence. C’est d’ailleurs le seul qui soit pris en charge par l’Assurance maladie. Une avancée chirurgicale des mâchoires constitue dans de rares cas une solution possible, mais il s’agit d’un traitement lourd.
Enfin, un médicament qui permettrait d’éviter les périodes d’hypotonie maximale (relâchement musculaire) au cours de la nuit est actuellement en cours d’évaluation. Si les résultats sont probants, il pourrait arriver sur le marché d’ici cinq ans. Patience donc et, d’ici là, passez de bonnes nuits !